Livre III
TRANSFORMATION EN JESUS
Chapitre I
MON BUT : TE TRANSFORMER EN JESUS
Marie :
Mon fils bien-aimé, toi que j'ai enfanté en enfantant jésus, toi en qui je vois Jésus et que j'aime de l'amour dont j'aime Jésus, mon Fils premier-né t'a appris à être pour moi ce qu'il a été lui-même; je vais être pour toi ce que j'ai été pour lui
2 . - Comme lui, tu t'es tout donné à moi. Mais je ne veux pas te garder pour moi seule. C'est pour Jésus et pour toi, pour Jésus en toi et dans les autres, que je t'ai appelé à être mon enfant de prédilection. Tu ne peux encore comprendre tout ce que je te dis; tu le comprendras peu à peu.
3. - et d'abord, je veux m'occuper de ton éducation comme je l'ai fait pour mon Fils Jésus. Tu es mon enfant parce que tu ne fais qu'un avec lui; c'est encore lui que j'élèverai en t'élevant.
4. - T'élever c'est apprendre à vivre pleinement de la vie de Jésus, à penser comme lui, à aimer comme lui, à vouloir comme lui, à parler et à agir comme lui, à te changer en lui. C'es opérer en toi une transformation analogue à celle que le prêtre opère dans l'hostie : pour les sens, l'hostie est toujours du pain; mais pour la foi, c'est Jésus. Toi, à l'extérieur tu resteras toi; mais à l'intérieur, d'une certaine façon, ce sera Lui.
5. - Idéal trop sublime pour toi, penses-tu. Ne t'effraye pas : je connais bien le Modèle à reproduire, et je m'entends à façonner les âmes à sa ressemblance. Tous les saints sont devenus saints par moi. Ce que j'ai fait pour les autres, pourquoi ne le pourrais-je pour toi? Laisse-moi seulement faire et sois docile.
6. - Je vais t'indiquer plusieurs pratiques propres à t'aider dans cette transformation. Ne t'y applique que successivement, et ne passe à la suivante que lorsque tu as acquis l'habitude de la précédente. Mais, une pratique une fois adoptée, ne l'abandonne plus.
Le fidèle :
O ma Mère, devenir un saint ! moi, misérable pécheur, si coupable dans le passé, si lâche dans le présent, si inconstant, je le crains, dans l'avenir... Mais je m'abandonne à vous. Tous les miracles vous sont possibles, même celui de faire un saint de moi. Obtenez-moi de ne jamais résister à vos désirs.
Chapitre II
APPRENDS A PENSER LES PENSEES DE JESUS
I. Dans les livres
Marie :
Mon fils, pour apprendre à vivre la vie de Jésus, il faut d'abord apprendre à penser les pensées de Jésus. Le monde pense d'une façon, et Jésus une façon tout opposée. Ta pensée est souvent plus près de celle du monde que de celle de Jésus.
2. - La pensée de Jésus est consignée dans l'Evangile, et aussi dans des livres écrits oar des hommes remplis de l'esprit de l'Evangile. C'est là, d'abord qu'il te faut l'étudier. Réserve-toi chaque jour quelques instants pour les consacrer à une lecture pieuse.
3. - Au début de la lecture, demande-moi de te faire comprendre ce que Jésus va t'enseigner, et au cours de la lecture, communique-moi les réflexions qu'elle te suggère.
En lisant, pense que c'est Jésus qui te parle. Lis respectueusement, pour faire honneur à la parole de Jésus. Lis lentement, sans empressement, non pour satisfaire ta curiosité mais pour comprendre l'esprit de Jésus et apprendre à vivre de sa vie. Applique la lecture à ta vie: vois ce que tu as à réformer dans tes idées et dans ta conduite, et termine ta lecture par une résolution que tu me confieras.
Chapitre III
APPRENDS A PENSER LES PENSEES DE JESUS
2.. Dans le contact direct avec lui
Marie :
Mon fils, il est une autre voie pour arriver à penser les pensées de Jésus, une voie très rapide, très sûre et très efficace; elle consiste à se mettre en contact direct avec lui.
2. - Contemple Jésus, de préférence dans l'Evangile. Ecoute ses paroles, regarde ses actions. Mais ne t'en tiens pas à l'extérieur, pénètre dans son âme et y découvre ce que, à propos de ses paroles ou de ses actions, il a pensé, senti, voulu.
Vois surtout comment, chez lui, chaque mot, chaque geste procède d'une disposition d'amour. Jésus est plus qu'un Maître proférant des paroles de sagesse; il est le Dieu d'amour : tu n'as pas compris sa doctrine si tu n'es arrivé jusqu'à la source de cette doctrine, à l'amour infini du Coeur de Jésus.
3. - De la contemplation de Jésus, tourne-toi un instant vers la contemplation de toi-même. Constate combien tu es loin de penser, de sentir, de vouloir et d'agir comme lui. Vois ce qu'il te faut faire, quels obstacles tu dois éviter, quels moyens prendre, quels sacrifices t'imposer, pour arriver à te transformer en lui.
4. - Tout en regardant Jésus et ta conduite dans la lumière de Jésus, parle-lui. N'est-il pas en toi ? N'entend-il pas ta voix aussi bien que jadis celle de Pierre, de Madeleine ou de Jean ? Ne t'aime-t-il pas comme il aimait ses disciples, toi surtout qu'il m'a donné, pour être, comme Jean, mon enfant de prédilection ?
Parle-lui directement, sans formules. Dis-lui simplement ce que tu penses, ce que tu sens, ce que tu désires, comme tu parlerais à un frère ou à un ami intime.
5. - N'oublie pas de t'unir à moi dans cette conversation avec Jésus. Tu sais que je suis toujours près de toi, et que pour trouver le Fils, il faut passer par la Mère. Tu pourras le constater : tu seras moins reccueilli, moins familier, moins aimant avec lui quand tu ne me sentiras pas près de toi. J'ai passé ma vie à méditer sur ce que je voyais et entendais à propos de mon Fils. Toute méditation que tu feras sur lui ne sera qu'une répétition d'une méditation faite jadis par moi. Viens près de moi et je te ferai comprendre et sentir une partie de ce que je comprenais et sentir une partie de ce que je comprenais et sentais en sondant les mystères de Jésus.
6. - Ne cherche pas à multiplier les pensées et les raisonnements : contente-toi de croire, d'aimer et de prier. Crois ! Si Jésus a dit ceci ou cela, sa parole décide de tout. Inutile de chercher d'autres arguments. Il l'a dit, donc c'est vrai, infailliblement vrai : crois ! Les hommes autour de toi affirment le contraire, du moins par leur conduite. Peu importe. Jésus l'a dit : crois ! Les hommes passeront; la vérité du Seigneur demeure à tout jamais. Ta sensibilité se mettra du parti des hommes, ou du moins restera indifférente devant l'enseignement de Jésus. Peu importe : il s'agit, non de sentir, mais de croire. Jésus l'a dit : crois ! Unis-toi à moi et tu croiras d'une foi plus pure et plus ferme. Multiplie les actes de foi. Multiplie-les, non comme pour te suggestionner toi-même, mais pour faire pénétrer la vérité divine jusqu'au fond de ton âme et pour en bien saisir les conséquences pratiques.
7. - Aime ! Aime la vérité parce que Jésus l'a aimée; aime-la parce qu'il ne l'a enseignée aux hommes que par amour. Aime surtout Jésus, et apprends à l'aimer de plus en plus. En l'aimant davantage, tu imiteras plus parfaitement, même sans y penser, toutes les dispositions de son âme.Viens à moi et j'unirai mon amour au tien, et ensemble nous aimerons Jésus d'un amour incomparablement fort et pur.
8. -Prie ! Prie ! Jésus d'aider ton incrédulité. Prie-le de faire passer en toi ses pensées, ses sentiments, ses volontés. et prie-moi de te révéler Jésus et de te faire vivre de sa vie.
9. - Parmi des dispositions du Christ, étudie de préférence celle qui te fait le plus défaut, ou celle pour laquelle tu éprouves un attrait spécial, ou celle dont un évènement récent, en agitant et en bouleversant ton âme, t'a révélé le besoin immédiat.
10. Au lieu de l'Evangile, tu peux t'inspirer d'un autre livre pieux, ou d'un texte de prière, ou d'un cantique sacré. Mais applique-toi à tout ramener à Jésus, à tout croire, aimer et pratiquer à cause de Jésus.
11. Prépare ton entretien avec Jésus en prévoyant ce que tu veux lui dire et en te recueillant d'avantage. Commence-le invariablement en me demandant de te conduire à mon Fils; mets-toi en sa présence et en la mienne.Termine-le par une résolution pratique, ainsi que je te l'enseignerai dans la suite.
12. A travers la journée, efforce-toi de te rappeler de temps en temps, dans les allées et venues, dans les intervalles entre tes occupations, la pensée qui t'a le plus impressionné dans ta conversation avec Jésus, et répète des actes de foi sur ce point.
13. Commences-tu à comprendre la vérité de ce que je te disais tout à l'heure sur l'importance de cette pratique pour qui veut apprendre à penser les pensées de Jésus ? Si oui, tu comprendras aussi que tu ne dois jamais, à aucun prix, omettre cet entretien quotidien avec lui.
Détermine le moment précis pour y vaquer, et la durée que tu peux y consacrer, et ensuite, quoiqu'il arrive, tiens-toi à ce que tu as décidé. Ecourte-le si c'est nécessaire. Ne l'omets jamais. Ne l'omets pas sous prétexte que tu n'as que le temps de réciter ta prière du matin ou du soir : plutôt réduit celle-ci de moitié afin d'avoir quelques instants de conversation avec Jésus.
Ne l'omets pas parce que ton temps disponible est consacré à la réception de la Sainte Communion : communie, mais fais ta préparation et ton action de grâces par voie d'entretien avec Jésus. Ne l'omets pas en objectant que sans cela tu ne peux faire ta lecture pieuse.
Sers-toi de celle-ci comme d'une préparation à l'entretien, mais réserve toujours quelques minutes au contact direct avec Jésus. Ne l'omets pas à cause de la multiplicité de tes occupations : plus tu as d'occupations, plus tu as besoin de te posséder; et nul meilleur moyen de te posséder que de te posséder en Dieu.
Les hommes qui ont fait le plus de travail fécond sont ceux qui ont été les plus unis à Jésus. Ne l'omets pas parce que tu as été lâche ou infidèle, et que tu te trouves dépourvu de pensée et de sentiment; qui te purifiera, qui te guérira, si ce n'est Jésus ? Viens avec moi près de lui.
14. - M'as-tu comprise, mon fils ? Ou tu t'appliqueras, avec résolution et persévérance, à la pratique que je viens de t'enseigner - et alors il me sera facile de te transformer en Jésus. Ou tu n'auras pas le courage de t'y adonner - et alors tu resteras dans la médiocrité, et je ne pourrai me servir de toi pour la tâche que je te réservais. Choisis !
Le fidèle :
O ma Mère, je vous donne ma parole d'honneur que jamais, sous aucun prétexte,je n'omettrai mon entretien quotidien avec Jésus et avec vous. Sous votre direction, je veux m'appliquer à constamment étudier votre Fils.
Chapitre IV
LE GRAND ENNEMI DE JESUS EN TOI
Marie :
Mon fils, il ne te suffit pas de connaître les pensées de Jésus pour aussitôt vivre de sa vie. Il te faut en même temps combattre et dompter les ennemis qui s'opposent à la vie de Jésus en toi. Or sache que le plus dangereux de ces ennemis, c'est toi-même. Tu voudrais ne vivre que pour Jésus, et en même temps tu voudrais suivre les tendances de ta nature dépravée. Ne t'y trompe pas : "Nul ne peut servir deux maîtres." Aussi longtemps que ta nature te dirige, Jésus ne peut régner en toi. Il faut donc que tu fasses à cette nature une guerre sans trêve ni merci, jusqu'à ce qu'elle laisse la place entièrement libre à Jésus.
2. - Dure condition, mais condition inéluctable. Combien de mes enfants ai-je vus, jadis pieux, généreux, faits pour arriver à la sainteté et pour exercer autour d'eux une action conquérante ! Hélas ! parce qu'ils n'ont pas su reconnaître ou combattre leur nature corrompue, ils sont restés dans la médiocrité et n'ont pas réalisé la centième partie du bien qu'ils étaient appelés à faire, si même ils ne se sont pas perdus misérablement, entraînant parfois dans leur chute une foule d'autres âmes.
3. - Apprends donc à connaître les tendances perverties de ta nature. Elles sont légion, car le péché originel, fortifié par les mauvaises habitudes héritées de tes pères ou contractées par toi personnellement, a vicié toutes les activités de ton corps et de ton âme. Cependant, ne t'embarasse pas de la multiplicité de tes ennemis. Ils obéissent à un chef, et celui-ci vaincu, tous seront terassés par le fait ou ne t'opposeront plus qu'une faible résistance. C'est ton penchant dominant qu'il te faut connaître avant tout. Quel est-il ?
4. - La vanité ? Es-tu avide de louanges, heureux d'en recevoir, même de non méritées ? Te prends-tu à rêver de choses merveilleuses, propres à t'attirer les applaudissements des hommes ?
5.- L'orgueil ? As-tu une haute idée de ta valeur et t'arrive-t-il de mépriser les autres ? Les traites-tu avec hauteur, dureté ou colère, ceux surtout qui ne s'inclinent pas devant ta supériorité ?
6. - La susceptibilité ? T'irrites-tu des blâmes réels ou supposés, des manques d'attention, même volontaires ? Songes-tu facilement aux torts des autres à ton égard ? Sais-tu leur pardonner ? Es-tu tenté d'abandonner une bonne cause parce qu'on t'a froissé ?
7. - L'ambition ? Cherches-tu à te pousser ? Est-ce ta gloire ou la gloire du Christ que tu désires ? Ne peux-tu te dévouer à une cause que comme chef, et te retires-tu quand il te faudrait servir comme simple soldat ?
8. - L'envie ? Ne peux-tu souffrir que d'autres réussissent aussi bien que toi ? Te réjouis-tu de leurs échecs ?
9. - L'inconstance ? Es-tu le jouet de tes impressions, tantôt enthousiaste et prêt à tous les sacrifices, tantôt déprimé au point d'être indifférent à tout ? T'arrive-t-il de commencer une foule de choses et de n'en finir aucune ?
10. - La légèreté ? Te livres-tu trop facilement aux objets extérieurs, as-tu de la peine à te recueillir au-dedans, à donner aux choses sérieuses l'importance qu'elles méritent ?
11. - La sensualité ? Est-ce que tu flattes ton corps, te préoccupes-tu de lui donner toutes les satisfactions qu'il réclame par rapport à la nourriture, à la boisson, au repos, - ou à d'autres tendances plus basses encore ?
12.- La paresse ? As-tu peur de l'effort, négliges-tu ton travail ? recules-tu devant le moindre sacrifice ?
13. - L'égoïsme ? Ne songes-tu qu'à toi ? Sais-tu que les autres ont aussi des droits, et qu'au besoin tu dois te gêner plutôt que de les gêner ?
14. - En t'examinant, tu découvriras en toi les indices d'un grand nombre de ces tendances désordonnées. Et sans doute tu as les germes de toutes les mauvaises tendances, mais toutes ne sont pas dominantes. Quelle est celle qui te semble la plus forte et la plus pernicieuse, celle qui est la plus ordinaire de tes chagrins, de tes préoccupations, de ta mauvaise humeur ou de tes joies ?
Quand tu te surprends à rêver, est-ce une pensée de vanité, de vengeance ou de sensualité qui t'occupe ? D'où viennent les distractions qui te plaisent le plus et dont il t'est le plus difficile de te débarasser ? Que t'ont reproché tes parents, tes maîtres, tes amis, ou les personnes irritées contre toi ? Quelle est la tendance à propos de laquelle tu dirais : Si je n'étais pas comme ceci ou comme cela, je m'en tirerais beaucoup mieux avec le Bon Dieu et avec les hommes ?
15.- Sois très sincère dans ton examen, et prie pour obtenir la lumière d'en haut. C'est qu'on se trompe fort aisément dans cette matière, en prenant pour défaut dominant un défaut plus apprent mais peu profond, ou un défaut plus facile à sacrifier. Car les hommes tiennent beaucoup à leur défaut dominant : c'est un compagnon avec lequel ils sont nés, ont été élevés et ont toujours vécus, et qui leur a procuré de constantes satisfactions.
Parfois même ils le prennent pour leur qualité maîtresse. Et sans doute chacun s'aime bien soi-même; mai il faut avoir le courage d'aimer Jésus plus que soi.Ose reconnaître en toute simplicité ce que tu dois lui sacrifier en toi. Ne crains pas; en renonçant à une vaine idole, tu possèderas le vrai Dieu; en mourant à ta nature viciée, tu vivras de la vie de Jésus.
Le fidèle :
Vive Jésus à tous mes dépens " Il faut qu'il croisse et que je diminue."
Chapitre V
REVÊTS-TOI DU CHRIST JESUS
Marie :
Mon fils, c'est une tâche difficile de reconnaître ton grand ennemi; c'est une tâche mille fois plus difficile de l'exterminer. Seul tu n'y arriverais jamais; mais tiens-toi près de moi et tu triompheras.
2.- Commence par te bien rendre compte des différentes manifestations de ta tendance dominante, des formes variées, ouvertes ou déguisées, qu'elle revêt, des circonstances où elle te cause le plus de dommage.
3. - Puis entreprends contre elle une lutte impitoyable. Dans la lutte contre les défauts, on peut suivre une double tactique : Certains portent toute leur attention à surveiller les diverses manifestations de leurs défauts, pour les noter, les compter, les comparer, et s'efforcer chaque jour d'en réduire le nombre. Tactique de nature à produire de bons résultats si elle est suivie avec persévérance. Mais tactique qui seule, risque de devenir fastidieuse et de préparer parfois de douloureuses surprises.
Car après avoir cessé, pendant quelques temps, cette surveillance de tous les instants du défaut à extirper pour porter son travail spirituel sur un autre point, on s'aperçoit souvent que l'ancienne tendance est toujours là, tout aussi vivace qu'auparavant, quoiqu'elle apparaisse peut-être sous une forme un peu différente. On a coupé les mauvaises herbes à mesure qu'elles sortaient de terre, mais faute d'avoir arraché les racines et d'avoir remplacé l'ivraie par des plantes utiles, on les voit repousser tout aussi drues qu'auparavant.
4. - Je vais t'enseigner une tactique plus facile et plus efficace, qui pourra, sinon remplacer l'autre tactique, du moins la compléter. Etudie en Jésus la vertu directement opposée à la tendance dominante. Es-tu orgueilleux ?
considère son humilité. Es-tu irrascible ? contemple sa douceur. Es-tu égoïste ? admire sa volonté de s'oublier et de se sacrifier pour les hommes. Es-tu sensuel ? médite sa passion.
5. - Sers toi de tes entretiens quotidiens avec Jésus pour étudier en lui la disposition qui te manque. Vois ce que Jésus pensait, sentait, disait et faisait. Aime cette disposition de ton Modèle; remplis toi d'enthousiasme pour elle. Puis compare-la à la tienne. Demande à Jésus, par moi, de te changer en lui. Dans tes communions sacramentelles et spirituelles, prie-le de te faire vivre de sa vie.
6. - A travers la journée, tu te rapelleras la pensée de Jésus doux, humble, patient, suivant la disposition de son âme que tu veux reproduire. Tu te la rapelleras en particulier dans les moments où ta mauvaise tendance cherche à se réaffirmer. Au lieu de faire de pénibles efforts pour lui résister, regarde paisiblement ton Modèle : " Jésus, que penseriez-vous, que feriez-vous à ma place ? Venez me faire vivre de votre vie. " Jésus commandera aux flots soulevés et il se fera un grand calme dans ton âme.
7. - A force de regarder Jésus et de l'attirer en toi par tes supplications, tu arriveras peu à peu à te détacher de cette tendance à laquelle tu tenais si fortement, pour n'avoir plus d'autres dispositions que celles de Jésus. Cependant défie-toi d'un ennemi qui pourrait te surprendre quand tu te croirais en parfaite sécurité. Examine de temps en temps, ne fût-ce que par un rapide coup d'oeil, s'il ne cherche pas à renaître sous une forme nouvelle.
8. - Mon Fils t'a recommandé d'imiter ta Mère. Après les dispositions de Jésus, contemple les miennes Quand tu te demandes, à propos d'un défaut à déraciner ou d'une vertu à acquérir, ce que je pensais, sentais ou faisais, ou ce que je ferais à ta place, c'est encore Jésus que tu apprends à mieux connaître et à reproduire.
Le Fidèle :
O Marie, apprenez-moi Jésus pour que je ne vive que de sa vie.
Chapitre VI
TROIS MOYENS DE SUCCES
Marie :
Mon fils, pour avancer plus vite le travail de ta transformation en Jésus, il te faut procéder avec méthode. Je vais t'indiquer trois moyens très propres à t'aider dans cetta tâche.
Revue quotidienne
2. - D'abord, trouve chaque jour, de préférence vers le milieu de la journée, un moment pour faire une petite revue de travail spirituel.
Examines-y ce que tu as fait depuis le commencement de la journée pour vivre de la vie de Jésus par rapport à telle de ses dispositions, et ce que tu comptes faire jusqu'à la fin de la journée.
3. - remarque bien les deux points suivants : Premièrement, comme je te l'ai déjà expliqué, attache-toi moins à compter le nombre de tes fautes qu'à voir ce que Jésus aurait pensé, senti et fait à ta place dans les différentes circonstances où ta nature viciée s'est encore affirmée et à prévoir comment tu imiteras ses dispositions la prochaine fois que les mêmes circonstances se présenteront.
En second lieu, fais de cette revue une conversation avec Jésus et avec moi. Ainsi tu réussiras bien mieux que par une enquête solitaire sur ton travail spirituel. Raconte-nous tes succès et tes insuccès, soumets-nous tes résolutions, demande-nous de t'aider à mieux vivre la vie de Jésus.
Renouvellement spirituel
4.- Voici un deuxième moyen, fait pour hâter singulièrement le travail de ton identification avec Jésus. Ménage-toi à travers la journée un certain nombre de courts arrêts, un ou deux dans la matinée et autant dans la soirée, suivant que tes occupations s'y prêtent le mieux.
A ces moments, tu rentreras d'abord un instant en contact avec Jésus et avec moi, par une Communion spirirtuelle, par un mot d'amour et de confiance au sujet de ce qui vient de t'ennuyer ou de te réjouir, ou par le rappel d'une pensée de ton dernier entretien avec Jésus. L'important, c'est que tu revives un instant de contact avec nous.
Secondement, tu jetteras un coup d'oeil rapide sur ce que tu as fait par rapport à l'imitation de Jésus depuis le renouvellement précédent et tu prévoiras ce que tu feras jusqu'au renouvellement suivant. Ainsi, tu te maintiendras en haleine dans tes efforts sprituels, et ton union avec Jésus et avec moi ira se resserant de plus en plus.
Retraites.
5.- Enfin, il te faudra, à certains intervalles, consacrer un temps plus considérable aux intérêts de ton âme.
Chaque année, efforce-toi de faire quelques jours de retraite, ou au moins, pendant plusieurs jours, emploie tes moments libres à te tenir dans une intimité plus étroite avec Jésus et avec moi. Tu y méditeras de nouveau les enseignements que nous venons de te donner, tu examineras pourquoi tu n'as pas fait plus de progrès pendant l'année qui vient de s'écouler et par quelques moyens tu en réaliseras de plus sérieux pendant celle qui va s'ouvrir.
6. - Chaque mois, de préférence le premier samedi ou le premier dimanche, tu te recueilleras pendant une partie du temps libre dont tu disposes pour considérer où tu en es de ton travail spirituel et prendre des résolutions plus efficaces pour le nouveau mois.
7. - Chaque semaine, en un jour déterminé, tu trouveras un moment pour revoir tes efforts de la semaine écoulée et pour préparer ceux de la semaine à venir.
8. - Ce sera une sujétion que la fidélité à ces pratiques. Mais, si tu aimes, cette sujétion te deviendra chère et facile, car elle t'aidera à aimer toujours d'avantage.
Chapitre VII
TROIS DISPOSITIONS ESSENTIELLES
Marie :
Mon fils, les moyens extérieurs que je t'ai indiqués ne te serviront que dans la mesure où tu y joindras certaines dispositions intérieures. Les mêmes pratiques conduisent certaines âmes à la sainteté et en laissent d'autres dans la médiocrité. "Cest l'esprit qui vivifie." Ecoute ce que cet esprit exige de toi.
2. - D'abord, de l'abnégation.
Il t'en faut d'abord pour combattre sans merci ton défaut dominant. Il t'en faut pour renoncer en toutes choses afin de ne pas gêner l'action de Jésus en toi. Il t'en faut pour t'imposer les efforts nécessaires à la reproduction des dispositions de Jésus.
3. - Si la piété filiale envers moi ne consistait qu'à m'invoquer, à me chanter et à se réjouir en moi, tu n'aurais guère besoin d'abnégation pour t'y appliquer. Mais elle doit te conduire à l'identification avec Jésus, et ce travail ne peut s'accomplir qu'au prix d'un entier renoncement à toi-même. Tu ne peux servir deux maîtres. Le maître, ce sera ou Jésus, ou toi. Il te faut choisir. Je puis t'aider à te renoncer, je ne puis t'en dispenser.
4. - En second lieu, de la constance. Je trouve plus facilement cent âmes prêtes à faire un sacrifice héroïque dans un moment de ferveur qu'une seule capable de persévérer tous les jours dans les efforts ordinaires exigés par la fidélité à ses résolutions. Que de fois tu seras tenté d'abandonner telle ou telle pratique que je t'ai suggérée ! Reste-y fidèle à tout prix. Si tu en exprimes une aujourd'hui sous un bon prétexte, tu la supprimeras demain sous un prétexte quelconque, et puis tu la supprimeras pour toujours sans aucun prétexte. Ecoute, si cela est nécessaire, ne supprime jamais. Le succès est à ce prix.
5. - Enfin et surtout, de la générosité. Il est deux sortes de générosité. La première consiste à donner à Jésus, sans hésitation, non seulement tout ce qu'il exige, mais tout ce qui, même non obligatoire, lui fait plaisir. Telle a été la générosité pratiquée par ta Mère, et, plus ou moins, par toutes les âmes saintes. Il faudra t'y appliquer de tout ton pouvoir.
6. - La seconde consiste à réparer régulièrement tes fautes et tes négligences. Un manquement t'a-t-il échappé, offre en compensation, un effort spécial, que tu n'aurais pas fait si tu n'avais rien eu à réparer. Et mets-y tant d'amour qu'après ta réparation tu aimes Jésus autant et même plus que si tu ne l'avais pas contristé.
7. - La différence entre les âmes médiocres et les âmes saintes ne consiste pas en ce que les premières commettent des fautes et que les secondes n'en commettent jamais - il en échappe aux unes et aux autres - mais en ce que les premières se contentent de constater leurs manquements, et que les secondes s'efforcent d'aimer Jésus d'autant qu'elles l'ont moins aimé. Pour toi, répare comme les âmes saintes.
8. - Répare en particulier tes ommissions ou négligences par rapport à l'entretien quotidien avec Jésus, aux renouvellements spirituels, à la revue de chaque jour et aux retraites.
9.- Répare le plus tôt possible. Mieux vaut, en général, une réparation immédiate, quoique courte, qu'une réparation longue mais remise à plus tard.
10. - Veux-tu savoir comment s'y prendre pour ces réparations ? Consulte-moi après tes manquements et tes négligences, et je t'apprendrai à faire de chacune de tes fautes une "heureuse faute". Et si tu sais persévérer dans cette disposition généreuse, - je te le promets - malgré tes péchés, tes défauts, tes tentations et ta faiblesse, je ferai de toi un saint et un apôtre.
Le Fidèle :
O Marie, toute mon activité, tout mon temps, tout mon être vous appartiennent. Rappelez-moi ma consécration quand je suis tenté de lâcheté, et rendez-moi généreux de la générosité des Saints.
Chapitre VIII
LE SECRET DU SUCCES
Marie :
Mon fils, les pratiques et les dispositions que je t'ai recommandées ne t'amèneront à l'identification avec Jésus qu'à une condition : c'est que tu t'y apppliques sous ma direction. Jésus te l'a dit : C'est la volonté de Celui qui m'a établie Mère de son Fils, que nul n'atteigne à une parfaite ressemblance avec ce Fils si ce n'est pas moi.
2. - Parfois il arrive que ton ardeur se refroidisse : le travail spirituel devient plus pénible, les progrès se font plus lents; puis c'est l'arrêt; puis c'est le recul. Tu essaies de te ressaisir : mais c'est en vain, et tu perds courage. Quelle est la cause de cette langueur ? par quel remède la conjurer ? Tu ne sais. Sache que la première cause en est invariablement un affaiblissement de ton union avec moi; et que le premier remède consiste toujours à travailler plus fidèlement sous ma direction. Sans moi, tu ne peux réussir; avec moi tu ne peux échouer.
3. - Veux-tu voir le succès couronner tous tes efforts ? Viens toujours me soumettre ce que tu te proposes de faire pour ne jamais agir qu'en mon nom. Consulte-moi en particulier chaque fois que tu prends une résolution. Demande-moi ce que je désire de toi et dis-moi ce que tu te proposes de faire.
4. - Je ne vais sans doute pas te répondre par une révélation. Mais, si tu viens à moi en toute confiance, dans la sincère disposition d'éxécuter ce qui te semblera être ma volonté, tu comprendras d'ordinaire si, oui ou non, j'approuve ta résolution. Si oui, confie-la-moi pour que je t'aide à la réaliser. Si non, prie et réfléchis et soumets-moi une résolution plus précise que je puisse approuver.
5. - Tu ne m'auras pas consultée de la sorte pendant longtemps - pourvu que tu attendes vraiment ma réponse et ne permettes pas à ton activité de se laisser emporter par ton empressement naturel - sans t'apercevoir que maintenant tu avances plus vite en quelques jours que jadis en plusieurs mois. Et si tu es fidèle à te tourner vers moi un instant avant toutes tes actions, je te dirigerai en tout. Or je ne puis te diriger que vers un seul but : vers Jésus, vers Jésus devenu la vie de ta vie.
Le fidèle :
"O Marie, Mère du Bon Conseil, éclairez-moi, guidez-moi et assistez -moi maintenant et toujours. Ansi soit-il !"
Livre IV
MON SOLDAT
Chapitre I
MA MISSION ET TA MISSION
Marie :
Mon fils, prête l'oreille à ce que je vais te dire, et efforce-toi d'en bien comprendre le sens. J'ai un mystère à te révéler, un mystère qui nous concerne tous les deux.
2. - En m'annonçant que le Fils de Dieu désirait naître de moi, Gabriel m'annonçait en même temps que ce Fils de Dieu devenu mon Fils s'appellerait Jésus ou Sauveur, et je comprenais que ce Sauveur voulait m'associer à son oeuvre rédemptrice. Je voyais que, par mon consente-
ment à coopérer à la proposition divine, je consentais à coopérer à la fois au mystère de l'Incarnation et au mystère de la Rédemption. je donnais mon consentement. Depuis ce moment jusqu'au dernier soupir de Jésus, je travaillais avec lui au rachat des hommes : en fournissant la substance de la Victime et en élevant cette Victime en vue du sacrifice, en unissant mes supplications et mes souffrances à ses supplications et à ses souffrances, ma volonté à sa volonté, et en offrant mon Fils au Père céleste pour l'immolation suprême. Jésus était Rédempteur : je fus sa corédemptrice.
3. - Or, - et comprends bien ceci - les vocations et les dons de Dieu sont sans repentance. Le concours que j'ai prêté à mon Fils à Nazareth et au Calvaire, je dois le lui prêter jusqu'à la consommation des siècles. Ayant donné Jésus au monde entier au jour de l'Incarnation, je dois le donner à chaque homme en particulier à travers les âges; Coopératrice de Jésus dans l'oeuvre de la Rédemption à chaque âme individuelle. Car la Rédemption n'est pas achevée : il faut que la grâce du salut, méritée à tous sur le Calvaire, soit encore appliquée à chaque homme à mesure qu'il vient en ce monde. Voilà ma mission jusqu'à la fin des temps. Avec Jésus j'ai travaillé au rachat universel des âmes; avec Jésus je dois travailler à leur conversion et sanctification.
4. - Et pourrait-il en être autrement ? En devenant Mère de Jésus, je suis devenue Mère de tous ceux qui doivent être ses frères. Ne faut-il pas que, en vraie Mère, je veille sur la vie et le salut de ceux que j'ai enfantés ?
5.- Tu le vois, c'est une mission apostolique que Dieu m'a confiée le jour de mon entrée au ciel. Une mission apostolique universelle,comme l'a été mon action de corédemptrice et comme l'est ma spirituelle maternité.
6. - Je suis la Reine des Apôtres. Je le suis, non seulement parce que j'ai veillé avec une affection maternelle sur les premiers apôtres, non seulement parce que j'obtiens la fécondité à leurs successeurs et que, sans mon intervention, ils seraient impuissants à faire aucun bien aux âmes, mais parce que leur apostolat n'est qu'une participation limitée à l'apostolat universel qui m'a été confié à moi tout d'abord.
7. - Cet apostolat est une lutte. Il faut que j'arrache chaque âme à Satan pour l'amener à Jésus et au Père. Au moment où le séducteur triomphait de nos premiers parents, Dieu lui prédit sa défaite : " Je mettrai des inimitiés entre toi et la Femme, entre ta postérité et la sienne. Elle t'écrasera la tête."
Je lui ai écrasé la tête dès mon Immaculée Conception. Mais cette victoire-là n'était que la première d'une série infinie de victoires. C'est jusqu'à la fin des temps que je dois lui écraser la tête. Je suis son irréconciliable adversaire, plus terrible qu'une armée rangée en bataille.
8. - Dans la lutte pour les âmes, je lui ai infligé des défaites dès les tout premiers temps de l'Eglise. Depuis cette époque, j'ai détruit toutes les hérésies dans l'univers entier et j'ai ramené dans la voie du salut d'innombrables pécheurs. Or Dieu a voulu que de siècle en siècle mon action conquérante devînt plus manifeste, et il veut que dans les temps nouveaux elle éclate à tous les yeux avec une force sans précédent.
9. - Satan semble triompher dans le monde. Ne crains pas : à cause même de sa puissance croissante, Dieu veut que je paraisse plus ouvertement pour lui écraser la tête. Une immense victoire m'est réservée. Mon règne doit s'établir dans le monde entier pour qu'arrive plus pleinement le règne de mon Fils. N'as-tu pas remarqué que, depuis la proclamation de mon Immaculée Conception, du mystère de ma première victoire sur l'enfer, Jésus est beaucoup mieux connu, aimé, servi ? que sa personne, son Eucharistie, son Sacré-Coeur, sa Royauté, sont entourés du culte ardent et dévoué tel qu'on en a vu de pareil depuis de longs siècles ? Il faut que son règne n'est pas de fin, selon la prédication que me fit Gabriel. Mais maintenant comme alors, c'est moi qui doit donner au monde son Roi.
Le dernier âge de l'Eglise sera, par excellence, mon âge. On verra des merveilles opérées par moi et pour moi. On verra Satan broyé par le talon d'une Femme comme il ne l'a jamais été. On verra l'Eglise manifestant une fécondité et une puissance conquérante qu'elle n'a jamais connues. On verra Jésus régner sur des multitudes toujours croissantes et acclamé par ceux-là mêmes qui le combattaient avec acharnement.
10. - Voilà ma part dans le mystère que je voulais te révéler. Et voici la tienne.
Dieu a décidé d'associer les hommes en particulier, à l'exécution de ses oeuvres d'amour, et de la fidélité de ces hommes à leur vocation, il fait dépendre le succès de ces oeuvres. Pour continuer sur terre la mission reçue du Père, Jésus a voulu avoir besoin du concours de ses apôtres et de leurs successeurs. De même, pour accomplir ma mission conquérante dans le monde, j'ai besoin d'auxiliaires et de soldats. Quand verra-t-on les merveilles que j'ai annoncées ? Quand mes enfants comprendront mon rôle apostolique et consentiront à combattre à mes côtés et sous mes ordres.
11. - Toi, tu as compris ce rôle. Veux-tu être mon soldat ? Veux-tu m'aider à arracher à Satan mes enfants pour les amener à Jésus ? Veux-tu avoir part à la victoire qui m'est réservée ? A la suite de ton divin Modèle, tu t'es donné tout à moi. Tu m'as consacré ton corps, ton âme, toute ton activité. Maintenant que tu comprends l'emploi que je veux faire de ta personne et de ton activité, voudrais-tu rétracter ta consécration ?
12. - Dans la piété filiale envers moi, tu ne voyais d'abord que l'attitude de l'enfant sur les genoux de sa mère. Et voici que je te mène sur un champ de bataille. Jésus n'a-t-il été mon Enfant que dans l'intérieur de Nazareth ? Ne l'a-t-il pas été tout autant au moment où il détruisait l'empire du prince de ce monde et rachetait le genre humain ? N'est-il pas devenu mon Fils précisément afin de devenir le Sauveur des hommes ?
13. - O Marie, je suis tout à vous, et ce qui m'appartient vous appartient. Pour vous et sous vous, je veux travailler, combattre, souffrir et mourir. Maria Duce (1) sera mon cri de guerre.
(1) Sous les ordres de Marie.
Chapitre II
LE FEU SACRE
Marie :
Tu es résolu à être mon apôtre, mais tu te demandes comment, dans ta situation, tu pourras l'être. Si tu n'es pas revêtu du sacerdoce, tu n'as pas reçu la mission de prêcher.
2. - Regarde autour de toi. Vois-tu ces propagateurs de doctrines subversives, qui se succèdent périodiquement dans le monde et qui, en quelques années gagnent des millions d'adeptes ? De quel sacerdoce sont-ils revêtus ? Qui leur a donné la mission de prêcher ? Pour arriver à leur fin, beaucoup d'entre eux ont dû braver les railleries, les persécutions, la prison, parfois même le bûcher ou l'échafaud. Mais ils s'étaient faits les apôtres passionnés d'une idée - d'un mensonge inventé par Satan - et ils ont réussi. Et toi, l'apôtre du Christ et de sa Mère, tu te demandes comment tu pourrais réussir ?
3. - N'objecte pas que ces semeurs d'erreurs ont la partie facile, parce qu'ils n'ont, pour se faire applaudir, qu'à flatter les passions. Tu as de plus puissants moyens de succès : tu as, pour satisfaire aux aspirations profondes de l'humanité, la doctrine de la vérité qui délivre, du bonheur qui rassasie, du Dieu inconnu qu'elle appelle de ses voeux; tu as pour te soutenir, la toute-puissance du secours divin.
4.- Les premiers prédicateurs du Christ auprès des Juifs et des païens flattaient-ils les passions de leurs auditeurs ? Ne prescrivaient-ils pas à leurs disciples d'austères renoncements, avec l'obligation d'être prêts à subir la persécution, la prison, le glaive et le feu ? Et cependant ils convertirent avec une merveilleuses rapidité d'inombrables multitudes. C'est que le feu sacré de l'apostolat brûlait en eux. Ah ! si ce feu avait brûlé dans leurs successeurs : depuis de longs siècles le nom de mon Fils eût été prêché à toute créature !
5. - C'est ce feu sacré qu'il te faut allumer dans ton âme. Comment ? Où ?
Viens, suis-moi sur le Calvaire. Mets-toi à côté de moi en face de Jésus crucifié. Vois son corps frissonnant sous d'affreuses tortures; vois surtout son âme en proie à une agonie mille fois plus affreuse. Qu'est-ce qui la remplit de cette infinie désolation ? C'est, pour une grande part, la vue des hommes pour qui il verse son sang et qui ne profiteront pas de sa passion. Qui n'en profiteront pas, sans doute parce qu'ils résisteront à la grâce, mais aussi parce que ceux qui devraient continuer près d'eux l'oeuvre rédemptrice n'en ont point pris souci.
6. - Ecoute ! Jésus ouvre la bouche : " Femme, voilà ton fils; voilà ta Mère." C'est à moi et à toi qu'il parle. Sonde, mon fils, la profondeur de ma douleur. Pourquoi un tel martyre ? A cause des tourments qui torturaient le corps de Jésus; à cause surtout de l'agonie de son âme. Parce qu'avec lui je contemplais ces multitudes d'hommes que j'étais en train de mettre au monde avec la perspective de les voir se damner...
7.- "Femme, voilà ton fils ! Il t'aidera lui, à sauver tes enfants qui, sans lui, s'en allaient dans l'éternelle damnation. Il te ramènera ces pauvres égarés. Il t'assistera dans ta mission apostolique et il nous consolera tous deux.
As-tu compris les intentions de Jésus ? Ah! Que le spectacle du Calvaire te hante et te poursuive sans relâche ! Que le cri du Christ mourant, que les gémissements de ta Mère résonnent nuit et jour à tes oreilles ! ... Alors tu sauras être apôtre.
8. - Ecoute encore ! "J'ai soif ! soif dans mon corps; soif surtout dans mon coeur. Me les donnera-t-il, ces âmes, celui qui me remplace auprès de ma Mère ? "...
Le Fidèle :
O ma Mère, faites que jamais je n'oublie mes trois amours : Jésus, Marie, les âmes !
Chapitre III
LA PRIERE APOSTOLIQUE
Marie :
Mon fils, sais-tu qu'en n'importe quelle situation tu disposes d'une arme apostolique souverainement efficace, la prière ?
Tu crois sans doute, qu'on peut travailler au salut des âmes en priant tout comme en prêchant. Tu admets que la prière est une consolante suppléance de l'action pour les vieillards, les infirmes, pour tous ceux qui ne peuvent se livrer aux oeuvres extérieures de zèle. Cependant, que tu es loin de comprendre l'efficacité apostolique de la prière ?
2. - La prière n'est pas un subsitut de l'action directe; elle est une arme apostolique dont l'efficacité dépasse incomparablement celle de toute activité extérieure. Jésus a prêché pendant trois ans; il avait d'abord prié pendant trente ans, et pendant les trois années de son apostolat extérieur, non seulement il passait des nuits en prière, mais constamment, au fond de son âme, il s'entretenait avec le Père, cependant que ses lèvres instruisaient les hommes.
Avec lui, j'ai coopéré au rachat du monde. Je n'ai pas prêché, je n'ai pas dirigé l'Eglise, je n'ai pas fait de miracles; mais j'ai prié et j'ai souffert. Et comme moi, Joseph a prié et souffert : et sans jamais prononcer une parole qui lui fût consignée dans un livre, il a fait plus pour la conversion des hommes que Jean, Pierre et Paul.
Scrute la vie des hommes apostoliques : tous les grands convertisseurs d'âmes ont été des hommes de prières.
3. - Malheur à l'apôtre qui ne prie pas ! Airain sonnant, cymbale retentissante, il se dépense et se fatigue et peut-être se perd sans faire de bien aux âmes. Et si, cependant, son activité semble produire des fruits de salut, ces fruits sont dûs aux supplications d'une âme qu'il ignore et qui s'ignore; il n'en aura aucune récompense.
4. - Ne vois-tu pas qu'il est impossible qu'il en soit autrement ? Convertir, sanctifier ou sauver une âme, c'est une oeuvre surnaturelle : avec du naturel, peut-on faire du surnaturel ?
Le surnaturel est le fruit de la grâce, et la grâce, le fruit de la prière. Plus on prie, plus on produit de surnaturel.
5. - Dieu veut les oeuvres là où elles sont possibles, comme il veut le signe sensible pour produire la grâce sacramentelle. Mais, de même que toute l'eau de l'océan est impuissante, par elle-même, à laver l'âme d'un petit enfant, ainsi toutes les oeuvres extérieures sont impuissantes à convertir ou à sanctifier un seul homme.
Il faut que la parole du prêtre accompagne l'infusion de l'eau sur le front du nouveau-né; il faut que la prière de l'apôtre accompagne son action extérieure. La prière peut même remplacer tout à fait cette action là où celle-ci est impossible, de même que là où la baptême d'eau est impossible, le baptême de désir peut y suppléer.
6. - Dieu n'est-il pas tout puissant ? Ne dispose-t-il pas d'une infinité de moyens pour faire parvenir aux âmes la grâce du salut ? Il peut donner une efficacité merveilleuse à une parole toute simple; il peut faire trouver dans un mot lu ou entendu, et peut-être mal compris, dans un malheur subit, dans un évènement tout ordinaire, la leçon qui éclaire, touche et convertit; Il peut même faire servir ses ennemis à l'exécution de ses dessins miséricordieux. Le prophète Balaam fut envoyé pour maudire Israël, et au lieu de malédictions, il proféra des bénédictions. Ce qui manque à l'apostat, ce sont bien moins les oeuvres que la prière apostolique.
7. - As-tu compris cette leçon ?
Si oui, t'efforces-tu d'être apôtre plus par la prière que par l'action extérieure ? Songes-tu tous les jours à prier dans des vues apostoliques ?
Quand tu veux gagner une âme, tu réfléchis aux démarches à entreprendre et aux choses à dire, et tu fais bien; mais t'appliques-tu plus encore à prier ? et attends-tu le succès de ton entreprise plus du Dieu que tu pries que de ton habileté et de ton pouvoir de persuasion ?
8. - Prie, prie, et apprends à multiplier tes prières pour la conversion et la sanctification des âmes. A chacune de tes prières et de tes communions, ajoute une intention apostolique. Transforme tes actions et tes souffrances en prières en les offrant à Dieu par mes mains pour telle fin particulière, suivant mes intentions. Joins à tout cela l'offrande de toutes les messes qui se diront dans l'univers entier pendant la journée.
9. - Prie pour tes parents et pour tous ceux qui te sont chers. Prie pour l'Eglise, pour le Pape, les évêques, les prêtres, et pour tous les missionaires et les apôtres. Prie en particulier pour ceux qui, comme toi, se sont rangés sous ma bannière pour hâter l'avènement du règne de Jésus par l'évènement de mon règne. Prie pour ceux à qui tu as cherché à faire du bien pour que ce bien demeure. Prie pour ceux à qui tu aurais dû faire du bien pour que ta prière répare ta négligence. Prie pour ceux que tu rencontreras dans la journée, pour que tu leur fasses tout le bien que tu es appelé à leur faire.
10. - Prie avant l'action, pour que Dieu lui donne tout le succès qu'il lui souhaite. Prie quand elle s'annonce difficile, afin que ta prière supplée à ton impuissance. Prie quand elle semble facile, de peur que, t'appuyant sur ton habileté naturelle, tu ne produises aucun fruit surnaturel. Prie, pendant l'action, pour que Dieu continue à agir par toi.
Prie après l'action, pour remercier Dieu quand tu as réussi; ou pour que le bien se fasse tout de même quand tu sembles avoir échoué, sachant que, plus Dieu te force à prier, plus il veut te donner de succès. Prie et ne cesse pas de prier, et tu feras des merveilles par moi et pour moi.
Le Fidèle :
O vous dont la vie fut une incessante prière pour la gloire du Père, la mission du Fils et le salut de vos enfants, apprenez-moi à prier.
Chapitre IV
LA SOUFFRANCE REDEMPTRICE
Marie :
Mon fils, écoute et comprends. Je veux t'enseigner une doctrine d'autant plus difficile à saisir que tu t'imagines la connaître depuis longtemps : la doctrine du salut par la croix.
Tous ceux qui s'occupent d'apostolat chrétien savent que la souffrance joue un rôle capital dans le rachat des âmes; que c'est par sa passion et sa mort que Jésus a délivré le monde; que pour être corédemptrice, j'ai dû devenir la Mère des Douleurs; et que tous les grands apôtres ont passé par de grandes tribulations.
Mais, quand la souffrance vient les visiter eux-mêmes, ils ne se souviennent plus de sa signification; ils s'étonnent et se découragent. Pour eux comme pour les Juifs, la croix est restée un sujet de scandale. Pensent-ils donc participer à l'action rédemptrice du Christ sans participer aussi à sa passion rédemptrice ?
2. - Quant à toi, regarde en face la croix qui t'attend. Il faudra t'imposer de durs sacrifices. Il te faudra travailler, peiner, te dépenser, t'épuiser au service des âmes. Et cela non seulement pendant quelques heures ou quelques jours, mais aussi longtemps qu'il y aura des âmes à sauver; non seulement dans les moments d'enthousiasme et de succès, mais parmi les difficultés et les dégoûts. Et il faudra te charger de volontaires immolations, il faudra te faire victime à la place des âmes à racheter; et plus tes efforts paraîtront stériles ou ardus, plus il te faudra y joindre de mortifications et d'expiations.
3. - Es-tu prêt à embrasser cette croix ? Peut-être. Mais voici une autre croix, bien plus difficile à porter, parce que tu ne te l'imposes pas toi-même et qu'elle est déconcertante. On se préprendra sur tes intentions, on se raillera de tes projets, on blâmera ton activité. Ceux qui devraient t'aider se désintéresseront de tes oeuvres ou s'appliqueront à détruire ce que tu auras essayé d'édifier; ceux qui devraient t'encourager te désavoueront et arrêteront tes entreprises. On te suscitera toutes sortes d'obstacles, et l'on proclamera avec joie qu'on avait prédit tes insuccès.
La croix que tu choisis de toi-même, tu la portes avec allégresse; la croix que la maladie ou la pauvreté t'imposent, tu arrives à t'y résigner; mais la croix que l'ignorance, la sottise ou la méchanceté des hommes te préparent, celle-là risque de te révolter. Et cependant c'est celle-là qui contient le plus de vertu rédemptrice.
4. - Regarde Jésus. La souffrance par laquelle il t'a sauvé, est-ce celle qu'il s'est imposée lui-même ? N'est-ce pas celle que lui ont préparé l'ignorance, la sottise et la méchanceté des hommes, de ceux-là mêmes qui, par leur fonction et leur profession, auraient dû l'aider dans l'oeuvre du salut de leur nation ?
5. - Ne t'étonne pas si le démon s'attache à détruire tes entreprises. C'est à moi qu'il s'attaque en s'attaquant à mes soldats. Garde intacts ta confiance et ton courage. Sa défaite n'en sera que plus complète : je lui ai écrasé la tête et la lui écraserai toujours.
6. - Cependant comprends que ce n'est pas par elle-même que la souffrance est libératrice : elle ne l'est qu'unie à celle de Jésus. Il en est de ta souffrance comme de ta personne : par toi, tu n'es qu'un pauvre pécheur; uni à Jésus, tu participes à la nature divine. De même la souffrance toute nue est stérile; mais jointe à la souffrance de Jésus, elle participe à l'efficacité de la sienne.
7. - Quand la douleur te visite dans ton apostolat, viens te serrer plus près de moi. Ensemble nous monterons sur le Calvaire. Là, près de la croix du Rédempteur, tu comprendras l'infinie valeur de cette souffrance qui te déconcerterait et t'écraserait. Même la souffrance que te prépare la sottise ou la malignité humaine te deviendra douce. Tu y verras, non plus les hommes qui te l'envoient, mais Jésus et ta Mère qui te convient à partager leur mission rédemptrice, et les âmes qu'elle te permet de sauver...
8. - C'est une doctrine bien austère que je te prêche, mon enfant, mais une doctrine de foi, et d'amour et de victoire. Ai-je trop présumé de toi en te croyant capable de la comprendre ?
Le Fidèle :
O Mère, vous connaissez ma lâcheté et ma peur de la souffrance; mais vous connaissez aussi mon désir de vous aimer et de vous assister dans votre mission. Quand l'épreuve fondra sur moi, vous me soutiendrez, et alors je serai capable de souffrir tout ce que vous voudrez, parce que vous le voudrez, quoi qu'il m'en coûte.
Chapitre V
LA PREDICATION PAR LA VIE
Marie :
Mon fils, à l'apostolat indirect quoique merveilleusement fécond de la prière et de la souffrance, il te faut joindre l'action direct de l'âme sur l'âme. Tu songes à l'apostolat de la parole. Il est important; mais il en est un autre qui doit le précéder, l'accompagner et le suivre : l'apostolat de la vie.
2. - Tu n'auras pas besoin d'une longue expérience pour constater que sur certaines âmes la parole, même la plus éloquente, demeure sans effet. La parole n'est féconde que si elle est reçue dans une âme disposée à l'accueillir. Si elle tombe sur un sol pierreux, ou parmi les ronces et les épines, comment porterait - elle du fruit ? C'est l'exemple de ta vie qui dispose les âmes à recevoir ta parole. Un acte, un geste, un regard, un sourire, souvent fait plus de bien qu'un long discours.
3. - Fais estimer en ta personne la religion que tu professes. Montre-toi toujours digne, dans le sentiment de ta grandeur chrétienne et dans la conscience du Dieu présent en toi. Que près de ta personne les hommes éprouvent, comme dans le voisinage d'un sanctuaire, l'impression de quelque chose de mystérieux qui habite là. Que ta vertu soit au-dessus de tout soupçon, au milieu de l'universelle corruption. Sois honnête et intègre, alors qu'autour de toi on ne songe qu'à s'enrichir aux dépens du prochain.
Sois droit et sincère, encore que le mensonge et la dissimulation soit passé en loi quasi universelle. Sois consciencieux et fidèle à ton devoir parmi ceux mêmes qui paraissent avoir perdu jusqu'à la notion du devoir et de la conscience. Que ceux qui ne partagent pas ta foi, que ceux mêmes qui la combattent soient obligés de lui rendre hommage en rendant hommage à la conduite qu'elle t'inspire.
4. - Montre-toi tel que tu es, sans ostentation, mais aussi sans respect humain. De quoi rougirais-tu ? De posséder la vérité quand les autres ne connaissent que l'erreur ? - D'avoir le sentiment de ta dignité quand les autres se laissent asservir par de dégradantes passions ? - D'être le disciple du Christ et le soldat de sa Mère ? Craindrais-tu de ne pas être estimé par ceux qui pensent ou aggissent différemment de toi ?
N'as-tu jamais vu que les hommes, même les plus pervers, estiment ceux qui osent avoir des convictions personnelles, et ceux qui osent conformer leur conduite à leurs convictions ? Sois chrétien sans peur et sans reproche : ta conduite sera une prédication de tous les instants.
5. - C'est beaucoup que de faire estimer en toi la doctrine du Christ. Mais va plus loin : fais-la aimer. Intéresse-toi aux autres; rends-leur tous les services que tu peux; écoute leurs plaintes, soulage leurs misères, panse leur plaies, assiste-les dans leur labeur, sois obligeant et aimable envers ceux qui t'approchent; fais-toi tout à tous et tu les gagneras tous au Christ... S'ils se sentent plus heureux grâce à toi, ils finiront par aimer les idées qui t'ont fait source de bonheur. Que près de toi, ils comprennent mieux l'amour, et ils comprendront mieux Dieu, même s'ils n'en connaissent pas le nom. Car Dieu, ce n'est pas un nom; Dieu c'est l'amour. Et s'ouvrant à l'amour, ils s'ouvrent à Dieu.
6. - Pour arriver à te faire tout à tous, il ne faut pas regarder dans les hommes leurs qualités ou leurs défauts, leurs vertus ou leurs vices, leurs actions bonnes ou mauvaises; il faut voir en eux le prix du sang de Jésus et de mon immense douleur. Aime-les de l'amour même dont les aiment leur Rédempteur et leur Mère, et tu sauras les gagner à l'amour, et, par l'amour, à Dieu.
Le Fidèle :
O Mère, j'ai vu plusieurs de vos enfants dont la vie est une prédication constante. Et moi, si souvent, je choque ceux qui m'entourent ! Avec vous je veux m'efforcer désormais de prêcher moi aussi Jésus par ma conduite. Faites qu'en me voyant on se rapproche de lui.
Chapitre VI
LA PAROLE DU SALUT
Marie :
Mon fils, apprends à parler en apôtre pour répandre l'esprit du Christ autour de toi. Ne dis pas : " Je n'en ai pas l'occasion." L'occasion existe, il faut la découvrir; et si elle n'existe pas, il faut la créer.
Enfant de la lumière, faut-il que je t'envoie prendre des leçons chez les enfants des ténèbres ? Eux, ils savent trouver partout des occasions de semer leurs doctrines perverses : dans l'intimité d'une conversation, dans la rue, dans l'atelier, en voyage, dans leurs passe-temps même. Ce qu'ils peuvent pour perdre les âmes, ne le peux-tu pour les sauver ? Prends garde : si tu te crois impuissant, ce qui te manque, ce ne sont pas les occasions, c'est le feu sacré de l'apostolat. Viens le rallumer au Calvaire, et tu trouveras les occasions de le répandre.
2. - Pour parler en apôtre, il n'est pas nécessaire de prêcher. Parle en toute rencontre suivant tes convictions chrétiennes : à propos des personnes, des choses, des évènements, pense les pensées du Christ et ose exprimer tes pensées. Discute rarement, n'humilie jamais. Expose simplement tes idées. Par elle-même, la vérité est attrayante, car c'est la vérité qui délivre. Par elle-même, elle est conquérante, car sa splendeur sollicite l'adhésion. Ne pense pas qu'il faille d'ordinaire faire de longs discours : une courte explication, un conseil discret, une seule réflexion, parfois une simple interjection, peut suffire pour allumer la lumière dans une âme sincère.
3. - Ce qui persuade, ne l'oublie pas, ce sont moins tes raisons que ta personne. Parle simplement, mais couragement : tu possèdes l'infaillible vérité. Qu'on te sente profondément convaincu de ce que tu dis : on te croira facilement si tu conformes toujours ta conduite à ta parole. Qu'on te voie préoccupé, non de remporter une victoire, mais de faire du bien à ceux qui t'écoutent. Instruis-toi sans cesse de la doctrine du Christ, pour pouvoir mieux la vivre et mieux lui rendre témoignage. Deviens une valeur professionnelle : si l'on te sait compétent dans ton métier ou ton art, on te supposera compétent dans ta doctrine.
4. - Ce n'est que par un long apprentissage qu'on devient habile à manier la parole apostolique.Avant chaque conversation, demande-moi de t'inspirer ce que tu dois dire. Après la conversation, examine devant moi si tu as réussi à rendre quelqu'un ou meilleur ou plus heureux, et vois comment tu pourras avoir plus de succès une autre fois. Plus tu t'appliques à te laisser diriger par moi dans cet apprentissage, plus rapides et plus parfaits seront tes progrès : c'est pour moi et par moi que tu dois devenir apôtre.
Le Fidèle :
Marie, je le confesse, je n'ai guère cherché à répandre la doctrine de votre Fils, parce que dans mes rapports avec les hommes, je me préoccupais de moi seul. Désormais je penserai à Jésus et aux âmes. Je vous invoquerai avant de parler et vous me dicterez ce qu'il faut dire.
Chapitre VII
LA FORCE DANS L'UNION
Marie :
Mon fils, ne reste pas un isolé. Associe-toi avec ceux qui ont les mêmes aspirations apostoliques que toi. En voulant garder au fond de ton âme le feu sacré de l'apostolat, tu l'étoufferas. En parlant avec les autres de vos communes idées et de vos communes aspirations, tu rendras celles-ci plus ardentes en toi-même et en eux. L'union fera autre chose qu'enflammer votre commun zêle : elle lui donnera une force incomparable.
Quand tu travailleras avec un autre, tu ne seras pas deux fois plus fort : tu le seras dix fois plus. Et quand vous serez un bataillon bien uni, marchant sous ma bannière, vous serez invincibles.
2. - Où trouveras-tu ces compagnons d'armes animés des mêmes vues que toi ? Cherche et tu trouveras. Peut-être en est-il autour de toi, tout prêts à t'accueillir dans leurs rangs : joins-toi à eux. S'il t'est possible de t'enrôler dans une de mes Congrégations, n'hésite pas. Dans le passé, toutes celles qui ont compris qui elles étaient, non de pures associations de piété, mais une milice s'avançant au nom de la Femme qui doit écraser la tête du serpent, ont remporté d'éclatantes victoires. Et dans l'avenir, de plus éclatantes victoires leur seront réservées à mesure qu'elle se rendront mieux compte de ma mission et de leur mission.
Peut-être n'y a-t-il près de toi que des individus isolés. Découvre, parmi eux, ceux qui sont capables de te comprendre. Souvent, dans un milieu, plusieurs âmes existent ayant les mêmes tendances mais se croyant chacune seule de son espèce. Quand, après des mois ou peut-être des années, les hasard d'une conversation les a révélées l'une à l'autre, elles sont tout étonnées de s'être prises si longtemps pour des étrangères alors qu'elles étaient soeurs. Essaie de parler aux autres de ce qui te tient à coeur, et tu verras quelle réponse tes ouvertures provoqueront.
3. - Tu ne trouveras peut-être pas tout d'abord ceux qui peuvent partager ton idéal. Tes meilleurs collaborateurs ne seront pas toujours ceux qui répondront les premiers et avec le plus d'enthousiasme à tes avances : le jugement, la volonté, la générosité, l'aptitude à se dévouer valent mieux que de promptes ferveurs. Ne dis pas : " Il n'y a rien à faire dans ce milieu. Tous ceux qui m'entourent sont également indifférents." Il est des noblesses qui se cachent; il est des générosités qui s'ignorent. A toi de leur faire prendre conscience d'elles-mêmes. Elles seront tout heureuses de sentir se réveiller au fond de leur être des aspirations vers la perfection et vers le dévouement à une grande Cause.
4. - Parfois ce sont les hommes qui professent les doctrines les plus opposées aux tiennes qui seront les plus aptes à devenir un jour tes compagnons d'armes. Saul, le persécuteur, ne devint-il pas le grand apôtre du Christ ? Examine moins les paroles et les gestes des hommes que la disposition intime qui les provoque. Une âme d'incroyant sincère, généreuse, ardente est plus faite pour combattre avec toi les mêmes combats qu'une âme de chrétien sans énergie et sans esprit de sacrifice.
5. - Il se peut que tu aies à chercher longtemps, à former péniblement, à subir bien des déceptions. Ne te laisse pas abattre. Le Christ a ses élus dans tous les milieux; cherche jusqu'à ce que tu trouves.
6. - Vous ne serez d'abord qu'un petit bataillon. Peu importe si vous êtes unis. Nulle part ce ne sont les majorités qui triomphent, mais les minorités décidées, actives, bien organisées et disciplinées. Avec une doctrine infaillible et merveilleusement féconde, une vertu et une puissance de dévouement sans égale, un idéal infiniment sublime et l'aide toute-puissante du ciel, les catholiques de presque tous les pays auraient plus qu'il ne faut pour vaincre, s'ils savaient s'unir. Mais ils ne le savent pas, et c'est pourquoi dans presque tous les pays ils sont les vaincus.
Les ennemis de mon Fils sont divisés sur tous les points de doctrine; ils ne s'unissent que pour attaquer l'Eglise. Les catholiques sont unis sur tous les points de doctrine; ils ne se laissent diviser que dans la défense de l'Eglise. Quand Satan trouve des chrétiens trop désireux de servir Dieu pour se laisser tenter contre la foi ou la vertu, il leur inspire des méthodes d'apostolat diverses, et alors, au lieu de le combattre, ils se combattent les uns les autres. N'ont-ils jamais vu que, dans les guerres entre nations, les armées victorieuses sont celles où les soldats et officiers font abnégation de leurs vues personnelles pour exécuter fidèlement un plan d'ensemble, qui peut n'être pas le plus parfait en lui-même? Que, dans les conquêtes de l'Eglise, les troupes qui ont toujours remporté les plus vastes succès sont les phalanges des religieux forcés, par leur vœu d'obéissance, à suivre avec une docilité parfaite les directions de leurs chefs ?
7. - Pour toi, comprends qu'un moindre bien réel vaut mieux qu'un plus grand bien irréalisé; que la force n'est que dans l'union, et l'union dans l'abnégation; et qu'il faut préférer le triomphe de la commune Cause au triomphe de ses idées propres. Médite cette doctrine, vis-la et prêche-la !
Le fidèle :
Mère, je vous le permets, je veux m'employer toute ma vie à grossir votre armée et à la rendre unie, forte et enthousiaste.
Chapitre VIII
CEUX QUI M'ENSEIGNENT ...
Marie :
Mon fils, Jésus t'a conduit à moi, pour que, devenant mon enfant de prédilection, tu deviennes aussi mon apôtre. Tout ce que tu entreprendras sous ma direction, il le bénira. Mais il veut non seulement que tu agisses en mon nom, mais que tu prêches mon nom. Et chaque fois que tu le feras, il attachera à ton apostolat une grâce et une puissance toutes particulières.
2. - Etre apôtre, c'est amener les âmes au Christ, c'est leur donner le Christ. Je suis la voie qui conduit au Christ; c'est moi qui ai donné le Christ au monde. Veux-tu amener les âmes plus rapidement au Christ, indique-leur exactement la voie qui y mène. Veux-tu leur donner pleinement le Christ, montre-leur Celle qui a mission de le leur donner.
Souviens-toi de ta propre expérience : en dépit de constantes infidélités à la grâce, n'as-tu pas constaté en toi une étonnante transformation depuis que Jésus t'a révélé le mystère de sa piété filiale ? Tu as trouvé la lumière : ne l'a mets pas sous le boisseau, mais fais-la briller devant les hommes. Le secret de ta vie intérieure sera aussi le secret de ta vie apostolique. Plus tu me feras intervenir ouvertement dans ton action extérieure, plus tu y réaliseras de progrès.
3. - C'est Jésus qui l'a voulu ainsi. Il pouvait se donner aux hommes directement; il a décidé de ne se donner que par moi. Dans la prédiction du Paradis, dans les annonces des Prophètes, auprès de son Précurseur, des bergers de Bethléem, des Mages, de Siméon et d'Anne, à Cana, au Calvaire, il a voulu me manifester aux hommes en se manifestant à eux.
Et par l'Eglise, son corps mystique animé de son Esprit, il ne cesse de me prêcher et d'enseigner, comme la voie naturelle pour le trouver, celle qui va au Fils par la Mère. Il t'a appris à imiter sa piété filiale envers moi. Imite ce point spécial de sa piété filiale.
4. - Je t'ai expliqué comment surtout dans les temps nouveaux Jésus veut glorifier mon nom et, par ma connaissance et mon culte, sanctifier et sauver les âmes. A cette grande victoire qu'il m'a réservée, ceux-là spécialement auront part qui me manifesteront aux hommes. Fais-moi donc connaître autant que tu le peux. Jésus attend cela de toi.
5. - Et moi aussi je l'attends de toi. J'ai tant d'enfants qui ne connaissent pas leur Mère ou ne la connaissent que très peu. A toi de la leur révéler, pour qu'elle puisse les embrasser eux aussi comme des enfants bien-aimés. A toi de les lui amener pour qu'elle puisse les former, comme toi, à l'image de son Fils premier-né.
6. - Par quelle méthode arriveras-tu à me faire connaître et aimer ? Il en est une iffaillible : sois rempli d'un amour brûlant pour moi et pour les âmes, et tu sauras comment me prêcher. D'abord qu'on te sache particulièrement dévoué à mon culte. Ne crains pas qu'on aperçoive sur toi mon rosaire ou ma médaille, ou qu'on te voie prendre part à une manifestation publique en mon honneur. Si, en même temps, tu te montres chrétien sans peur et sans reproche, ta conduite me prêchera éloquemment.
7. - Puis, suivant les circonstances, laisse échapper quelques mots qui trahissent tes convictions et tes expériences relatives à la vie d'union avec moi. Dans la conversation intime, dans la correspondance, ne peux-tu parfois glisser une mention de mon nom ? Aux âmes qui pleurent, ne peux-tu montrer l'image de la consolatrice des affligés ? Aux âmes qui luttent pour conserver ou recouvrer leur vertu, ne peux-tu recommander le recours à celle qui, toute pure, a reçu de son Fils la mission de rendre pur tous ceux qui l'invoquent ? Aux âmes qui luttent pour conserver et recouvrer leur vertu, ne peux-tu recommander le recours à celle qui, toute pure, a reçu de son Fils la mission de rendre purs tous ceux qui l'invoquent ? Aux âmes qui aspirent à l'intimité avec Jésus, ne peux-tu laisser deviner comment tu es arrivé toi-même à une union plus étroite avec lui ? Aux âmes éprises d'apostolat, ne peux-tu expliquer la mission conquérante que Dieu m'a confiée et la merveilleuse fécondité qu'elles mesureront à leurs efforts si elles luttent en mon nom et sous mes ordres ?
Et s'il t'est jamais donné de me faire connaître par la parole publique ou par la plume, empresse-toi de profiter de la grâce : ta parole portera un message de confiance, d'amour et de salut à toutes les âmes de bonne volonté qu'elle atteindra, et par elles, peut-être des milliers d'autres. "ceux qui m'enseignent auront la vie éternelle", et la répandront autour d'eux.
Le Fidèle :
"Rendez-moi digne de vous louer, ô bienheureuse Vierge. Donnez-moi de la force contre vos ennemis."
Chapitre IX
"EN VOTRE NOM JE JETTERAI LE FILET"
Marie :
Tu commences à comprendre par quels moyens tu peux exercer ton apostolat tu es loin encore de comprendre la confiance qui doit t'animer dans cet apostolat. En considérant ta faiblesse et les difficultés de la tâche qui t'est confiée, tu te prends parfois à te demander ce que tu peux bien faire. - Ce que tu peux faire ? Par toi, rien. Par moi, des merveilles.
N'est-ce pas parce que le Tout-Puissant a regardé le néant de sa servante qu'il a fait de grandes choses pour elle ? N'as-tu jamais lu que "Ceux que le monde tient pour insensés sont ceux que Dieu a choisis pour confondre les sages; et ceux que le monde tient pour rien sont ceux que Dieu a choisis pour confondre les forts" ?
2. - Ecoute et médite. Je veux t'apprendre deux vérités capables de te donner une foi invincible dans le succès de ta mission, un foi à transporter des montagnes. Premièrement, comprend que ton apostolat est mon apostolat, et tes intérêts mes intérêts. C'est à moi et non à toi que Dieu a confié la mission d'écraser la tête du serpent et d'établir dans le monde le règne de mon Fils; tu ne fais que participer à la mission.
C'est moi le généralissime de l'armée du Christ : tu n'es que mon soldat. Ce sont mes enfants, et non les tiens, qu'il s'agit de sauver. La mère ne désire-t-elle pas incomparablement plus que l'étranger le salut de ses enfants ? Le général ne souhaite-t-il pas bien plus la victoire que le soldat ? Les intérêts de Jésus ne me sont-ils pas infiniment plus chers qu'à toi ? Même si tu étais indifférent à ton succès, moi, certes, je ne pourrais l'être; car ce qui est en jeu, c'est Jésus, ce sont mes enfants. Or, je suis toute-puissante par la toute-puissance de Dieu, et je communique cette toute-puissance à ceux qui agissent en mon nom.
3. - En second lieu, rappelle-toi, et applique à ton apostolat, ce que Jésus t'a expliqué au sujet de la confiance illimitée que tu dois porter dans tes prières : J'ai une intention d'amour sur chacune de tes entreprises apostoliques. Et cette intention dépasse toujours en perfection celle que tu peux concevoir; car je t'aime plus que tu ne t'aimes toi-même et j'aime plus Jésus et les âmes que tu ne peux les aimer. Et cette intention est toujours parfaitement réalisable. Et elle se réalisera infailliblement dans la mesure où tu agis en mon nom. Et donc, quels que soient les obstacles, tu peux toujours réussir au-delà de tes prévisions pourvu que tu agisses en mon nom.
4. - mais pour remporter ces succès merveilleux, il ne suffit pas de travailler beaucoup : c'est en mon nom qu'il fait travailler. Les apôtres s'étaient fatigués à pêcher toute la nuit sans rien prendre. A peine Pierre eut-il dit à Jésus : " En votre nom, je jetterai le filet", qu'ils firent une capture miraculeuse. Que de fois tu t'es dépensé et ç'à été en vain ! C'est que tu ne m'avais pas dit, en commençant : "En votre nom!" Travailler en mon nom, c'est travailler suivant mes intentions et dans la conscience de participer et à ma mission et à ma toute-puissance.
5. - Offre à Jésus, par mes mains, tes prières et tes souffrances pour que mes intentions sur ton apostolat se réalisent. Avant de rien entreprendre, invoque-moi et vois ce que peuvent être mes intentions afin d'agir comme mon intrument. Commence avec pleine confiance dans le succès, parce que c'est moi qui travaille par toi. Veille à ne pas laisser tes vues remplacer mes vues.
Que de fois, en commençant, tu protestes n'agir que pour moi, et bientôt tu te laisses diriger par tes tendances personnelles ! Le succès ne t'est assuré que si tu persévères dans la disposition d'agir suivant mes intentions. Pierre, au milieu de la tempête, avait commencé par croire à Jésus qui lui commandait de venir à lui et il marcha d'abord sur les eaux. Mais ensuite, il songea aux flots et à lui-même, et il s'enfonça. Bien des fois tu as commencé à faire des merveilles qui se sont terminées par des échecs : c'est que tu avais perdu la conscience d'être mon instrument.
6. - Tu ne peux, il est vrai, constamment penser à moi. Mais tu peux rester constamment guidé par mon esprit. Tu peux atteindre à une disposition telle que, si on te demandait : "Au nom de qui agis-tu ? " tu pusses répondre : "Au nom de ma Mère." tu n'atteindras à cette disposition qu'après bien des efforts. Au moins renouvelle ton intention de temps en temps, et rectifie-la chaque fois que tu t'aperçois que tes vues se sont substituées aux miennes.
7. - Après l'action, si tu as réussi, remercie Dieu. Si tu as échoué, examine-toi : ou tu n'as pas agi en mon nom, et alors l'échec est réel; ou tu as essayé de te conformer à mes intentions en t'appyant sur moi, et alors le succès n'est que retardé, il viendra à l'heure de Dieu, un succès d'autant plus grand qu'il t'aura coûté plus d'efforts et exigé plus de confiance; le Christ sera glorifié, ta Mère honorée, les âmes seront sauvées. Sans moi, tu ne peux réussir, avec moi tu ne peux échouer.
Le Fidèle :
O ma Mère, je crois en vous et en la mission que votre Fils vous a confiée. Je crois qu'en m'appuyant sur vous, je serai tout puissant. Faites-moi visiblement échouer chaque fois que j'agirai en mon nom pour me forcer à n'agir qu'au vôtre. Alors je vous aiderai efficacement à amener des multitudes d'âmes à Jésus et je réaliserai vraiment la prière que j'aime à répéter à chaque heure du jour et chaque fois que je me réveille pendant la nuit : "Que le Père, le Fils et le Saint-Esprit soient glorifiés en tous lieux par l'Immaculée Vierge Marie !"
TON IDEAL
Jésus :
Mon frère, comprends-tu le don que je t'ai fait en te révélant le mystère de ma piété filiale envers ma Mère ? Quand je t'appelai à te donner tout à elle à mon exemple, tu ne voyais dans mon appel qu'une invitation à l'aimer un peu plus que tu ne le faisais auparavant. Or, peu à peu, tu as appris qu'imiter ma piété filiale envers elle, c'est sous sa direction, devenir un saint et un apôtre, c'est être transformé en moi, Fils de Dieu, devenu Fils de Marie pour le salut du monde !
Le Fidèle :
O Jésus, mon Dieu et mon Frère ! O Marie, Mère de Dieu et ma Mère ! De nouveau je me donne à vous sans réserve et sans retour, mais dans une vue plus claire de vos desseins sur moi et avec une détermination plus forte de les exécuter quoiqu'il m'en coûte. O Jésus, donnez-moi d'aimer votre Mère et de la faire aimer partout de l'amour dont vous l'aimez. Et vous, ô Marie, obtenez-moi d'aimer Jésus et de le faire aimer de tous les hommes comme vous l'aimez vous-même.
APPENDICE
Acte de consécration à Marie
O Marie, Vierge Immaculée, je crois que le Fils de Dieu vous a choisi pour être sa vraie Mère.
Je crois qu'étant votre Fils, il vous a aimée et vous aime plus que toutes les autres créatures, et a pratiqué à votre égard, avec une infinie perfection, tous les devoirs de la piété filiale.
Je crois qu'il a daigné vous associer à sa mission rédemptrice, que, selon sa volonté, nulle âme, coupable ou innocente, ne sera sanctifiée et sauvée que par votre entremise, et n'arrivera à lui
si ce n'est par vous.
Je crois qu'étant sa Mère, vous êtes aussi ma Mère : car en le concevant à Nazareth, vous m'avez conçu avec lui; en le sacrifiant sur le calvaire, vous m'avez enfanté à la vie; associée à lui dans la distribution de toutes les grâce, vous continuez à me nourrir et à m'élever comme un autre Jésus. Je crois que son désir est de me voir imiter son exemple, et m'efforcer d'être, à votre égard, selon mon pouvoir, ce que lui-même a été et est toujours pour vous. Voici que je me donne et me consacre à vous pour être votre enfant comme Jésus a voulu être votre Fils.
Je vous donne mon corps et mon âme, tout ce que j'ai, tout ce que je suis, tout ce que je fais et puis faire. Je me donne sans réserve et sans retour, pour le temps et l'éternité, et je renonce au droit de jamais rétracter cette donation. Je me donne pour que vous puissiez disposer de moi à votre gré, exiger tous les dévouements, mi'imposer tous les sacrifices, ceux que je prévois et ceux que je ne puis prévoir, ceux qui me seront doux et ceux contre lesquels ma nature se révoltera : je ne crains rien, je sais à qui je me donne. Je veux, à l'exemple de votre Fils, vous aimer de toutes les puissances de mon être, je veux vous honorer, vous obéir, vous imiter, me confier à vous, vous être constamment uni, reproduire, avec toute la perfection en mon pouvoir, toutes les dispositions de la piété filiale, et devenir, sous votre direction un autre Jésus pour vous. Je veux en particulier, vous assister dans votre mission providentielle. Je veux être votre apôtre, votre soldat, dans la lutte contre Satan.
Je veux combattre en votre nom, pour lui arracher les âmes de vos enfants. Je veux lutter pour la gloire de votre nom, vous faire connaître, aimer, servir, convaincu que, vous révéler aux hommes, c'est le plus efficace des moyens de leur révéler Jésus. Je ne suis qu'un pauvre pécheur, vous le savez, tout rempli de défauts, faible et inconstant plus que je ne puis concevoir. Mais je me confie à vous. Ce n'est pas en mon nom que je travaillerai. Je serai tout-puissant parce que vous êtes toute-puissante de la toute-puissance de votre Fils, que mes intérêts sont vos intérêts, ma cause votre cause. Je combattrai sous vos ordres, et vous donnerez la victoire.
O Marie, Mère de Jésus et ma Mère, pour la gloire de la Très Sainte Trinité, pour votre honneur et pour le salut de mon âme et des âmes, acceptez l'offrande que je vous fais de tout moi-même et obtenez-moi la grâce d'y être fidèle jusqu'à la fin de mes jours. Ainsi soit-il !