1.
Ribeauvillé 1878-1893
Emile Neubert est né le 8 mai 1878,
au pied des Vosges alsaciennes à
Ribeauvillé, une petite ville du Haut-
Rhin, proche de Saint Hippolyte où
la Société de Marie fonda un Collège
que le Bienheureux Guillaume-Joseph
Chaminade [11] connut comme maison
de récollection.
Les vocations de frères et de prêtres
marianistes sont nombreuses en
Alsace, surtout dans la région du Val
de Villé, la foi est vive et profonde
dans ces populations. Les maisons de
Saint Hyppolite et d’Ebersmunster,
tenues par les Marianistes, jouissaient
d’une excellente renommée. Les frères
de Marie dirigeaient des écoles et des pensionnats dans une vingtaine de localités alsaciennes. En dehors des ordres anciens, les congrégations étaient peu connues à cette époque.
Citons l’Ordre des Capucins parmi elles. Ces religieux prêcheurs sont aujourd’hui encore responsables du célèbre sanctuaire Notre Dame de Dusenbach [12] à Ribeauvillé et de son pèlerinage. Ils voient cheminer, le dimanche et les jours fériés, les habitants de toute la région. Les pèlerins font halte dans les chapelles et devant les calvaires. Au temps d’Emile Neubert, les caravanes s’arrêtaient aux abords du collège de Saint Hippolyte, devant le calvaire dressé près du grand portail. Ils pouvaient prendre contact avec les religieux en redingote, réputés accueillants et chaleureux [13]
Membre d’une famille de douze enfants, (neuf frères et trois sœurs) dont cinq moururent en bas âge, le jeune Emile reçut, dès sa prime enfance, une éducation chrétienne.
Il reconnait que dans son enfance, il fut en contact avec d’autres jeunes de sa génération qui contredirent sa recherche d’allier les actes à sa piété voulue par ses parents. Dieu était perçu par lui comme source d’interdits, de commandements à observer, dans la crainte d’une punition : «Je n’ai pas commencé par être un enfant pieux et sage[14].»
11.
Guillaume-Joseph Chaminade, 1761-1850, cofondateur avec Adèle de Batz de Trenquelléon 1789-1828 ; béatifié par le pape Jean-Paul II en l’année 2000.
12.
Cf. Autobiographie, p. 23. Ce sanctuaire en ruine depuis la Révolution avait conservé une petite chapelle où les membres de la famille Neubert, surtout la maman, sont allés prier à maintes occasions, obtenant des grâces notamment de guérisons.
13.
Cf. Collectif, Bibliographie de Monsieur Charles Dillenseyer (1902-1950), AGMAR, cote 1840-14, Marianistes, Rome, 1951, p 5.
14
. Autobiographie, p.12.
La première communion, à l'époque, se célébrait à l'âge de 14 ans en Alsace [21]. J'ignorais alors que ces Frères s'appelaient les Frères de Marie ; ainsi, dans mon esprit, il n'y avait aucun lien entre ma vocation et la Vierge Marie.
Ce n'était pas l'habitude non plus de prononcer un acte solennel de consécration à Marie le jour de la première communion ; je n'ai pas le souvenir d'avoir eu la moindre pensée pour Elle ce jour-là. Sa première communion marqua un tournant décisif dans sa vie spirituelle. Et, écrit-il dans sa biographie, le péché «apparaît désormais comme un manquement contre l'amour de Celui qui a donné sa vie pour moi et qui s'est donné tout à moi dans l'Hostie [22].» La décision de rejeter le péché mortel et le péché véniel délibéré était prise dans une relation d'amitié avec Jésus. C'est à ma mère, Marie, que je dois de n'avoir commis aucune faute pleinement consciente depuis ma première communion : qu'elle me prolonge cette grâce jusqu'à ma communion au ciel ! [23] Il entra, après sa première communion, à l'âge de 14 ans, au postulat de la Société de Marie fondée par le Père Chaminade.
2.
Postulat de Bourogne 1892-1894
Le jeune Emile fit son postulat à Bourogne de 1892 à 1894,[24] reçu par M. Joseph Meyer qui avait la réputation d'un saint : Lequel des anciens postulants de Bourogne ne se rappelle avec émotion l'impression de dignité surnaturelle et de paternelle affection que fit sur lui, dès sa première rencontre, le vénéré directeur ! : «Soyez le bienvenu mon cher ! C'est la Très Sainte Vierge qui vous conduit ici, elle vous y gardera», disait-il en pressant les mains de ses nombreux enfants. Et ces derniers,
20.
JARC, Appendice IV, p. 1.
21.
Cf. E. NEUBERT, Un prêtre de Marie. Le Père Joseph Schellhorn, Centre de Documentation Scolaire, Paris, 1948, p. 17. Emile Neubert commente : «C'était bien tard, mais ainsi le voulait la coutume et l'on eût été étonné que cet âge fût devancé.»
22.
Autobiographie, p. 19.
23.
Ibid., p. 20.
24.
Cf Un prêtre, p. 23. Emile Neubert ajoute : «Obligée par le « Chancelier de fer » de quitter ses florissantes écoles d'Alsace, la Société de Marie avait en 1874, transféré son postulat d'Ebersmunster (Bas-Rhin) à Bourogne, petit village situé sur le canal du Rhône eu Rhin, au Sud Est de Belfort, à moins de 8 kilomètres de la frontière. Durant son existence, de 1874 à 1903, cette maison devait héberger plus de 1300 alsaciens, venus pour s'initier à la vie religieuse dans la Société de Marie.»
immédiatement, se sentaient à l'aise avec lui et lui donnaient toute leur confiance [25]. Durant cette période, il découvre la dévotion à Marie, à l'honneur dans sa Société : le Petit Office de l'Immaculée Conception, dit en latin, auquel il ne comprenait rien. Il récitait également le chapelet et, chaque matin, l'acte de consécration à la Vierge, cher aux Marianistes, ce qui lui rappelait la dévotion mariale de sa mère [26]. Dans cette étape, il possédait quelques connaissances élémentaires concernant les privilèges de la Vierge Marie : «Maternité Divine, Immaculée Conception, Virginité, une idée au moins vague de sa Médiation de grâce, Assomption.» Se souvenant de la présence des protestants à Ribeauvillé qui condamnaient le culte marial des catholiques, il était prêt à défendre ce culte comme il aurait défendu l'infaillibilité pontificale. Mais en même temps, il reconnaissait que sa relation à Marie pouvait s'épanouir : Ma dévotion envers elle se réduisait presque au culte obligatoire : presque rien de cette attirance instinctive vers la Vierge, ma Mère céleste, de cette confiance, de ce besoin d'intimité, de vie d'union, de cette joie épanouissante qui caractérisent la vraie dévotion à Marie. Cette dévotion, j'avais encore à la découvrir. Ma Mère allait m'emmener à cette découverte, mais par une voie étrange [27]. Ce fut par l'appel à «l'intériorité» si chère aux Marianistes et, à une vie plus surnaturelle, captivé de plus en plus par l'amour de Jésus, que se fit sa rencontre avec Marie : Jusque-là mon amour pour Jésus consistait à éviter tout ce qui pouvait lui déplaire. A présent je compris que cet amour me demandait de lui donner tout ce qui pouvait lui plaire, que ce fût obligatoire ou non. Jusque-là, il avait pour limites les limites de mes obligations. A présent, il n'avait plus d'autre limite que le bon plaisir de Jésus. Or, en même temps que je comprenais d'une toute autre façon l'amour de Jésus, je me sentais rempli d'une dévotion tout aimante, confiante, épanouissante envers la Mère de Jésus, ma Mère, comme si j'avais toujours vécu dans son intimité. Sans raisonnement - ce que je savais théoriquement
25.
Ibid., p. 24. Emile Neubert témoigne : «On travaillait bien, on s'amusait bien, on priait bien, on chantait bien, surtout des cantiques à la Vierge, et l'on pouvait communier bien plus souvent qu'à la maison, suivant la dévotion de chacun.»
26.
C'est une fois devenu prêtre et dans l'échange avec sa mère qu'il fera le lien consciemment.
27.
Ibid., p 12. Il ajoute dans sa lettre au supérieur général qui présente l'autobiographie qu'il vient d'écrire : «Ce n'est que vers la fin de ma quinzième année que la dévotion à Marie m'a attiré peu à peu : je n'avais pas rêvé de devenir un auteur marial.»
jadis, je le sentais à présent - dans l'amour de Jésus, je sentais aussi que Marie est tout amour, que Jésus me l'a donnée pour Mère et veut que je l'aime comme lui ; qu'elle m'aime de l'amour dont elle aime Jésus, et veut m'aider à l'aimer comme elle. Et depuis cette époque, j'éprouve en elle une immense confiance, sûr qu'elle m'obtiendrait toutes les grâces, miraculeuses même si c'est nécessaire, pour réaliser toutes les intentions de Jésus sur moi, les intentions de Jésus qui sont en même temps les siennes [28].
Au postulat, j'appris par hasard d'un condisciple que notre nom complet était «Frères de Marie». Cela ne m'impressionna pas plus que s'il m'avait dit que nous étions les «Frères de saint Paul». Les postulants avaient l'habitude d'aller communier les dimanches et jours de fête. Ceux qui le souhaitaient y allaient aussi le samedi, car nous allions nous confesser le vendredi. Quiconque voulait communier un autre jour, devait en demander la permission à l'aumônier. Les instructions de l'aumônier étaient passablement ternes et je ne me rappelle pas avoir été frappé par quoi que ce soit de saillant dans ses enseignements.
Vers le milieu de ma seconde année de postulat, j'allais communier deux fois par semaine, et trois fois vers la fin de la seconde année. (Rappelez-vous que ce fut une quinzaine d'années avant le décret de Pie X sur la communion quotidienne.) Cela m'aidait à être plus recueilli. Dans la foulée, mon amour pour Marie et ma confiance en la Mère de Jésus ne faisaient que croître. Etait-ce dû à quelque instruction, quelque lecture sur Marie, si les choses avançaient quelque peu ? Je ne m'en souviens pas, mais je me rappelle qu'au cours de la messe nous chantions des cantiques à Jésus-Eucharistie, au Sacré-Cœur et à Marie, si aimante et si aimable, toutes choses qui augmentaient ma dévotion à l'un et l'autre. Durant la troisième année, ma dévotion à Jésus et à Marie augmentait encore. On peut dire que c'est Jésus qui me conduisait vers sa Mère, et Marie qui accroissait mon amour pour Jésus [29].
A la fin du postulat, ses supérieurs l'envoyèrent au noviciat de Courtefontaine.
28.
Ibid., p 25. C'est la seconde conversion vécue par le jeune Emile Neubert.
29.
JARC, Appendice IV, p. 1-2. Il vaut la peine cependant de connaître le texte actuel des Constitutions qui donne le sens spécifique de l'engagement religieux marianiste auquel prépare le noviciat : «Pour nous consacrer à Dieu par des liens solides et stables, nous faisons publiquement profession de suivre les conseils évangéliques de chasteté, de pauvreté et d'obéissance. Cette profession nous constitue membres d'une société qui appartient à Marie à qui nous sommes consacrés. Dans l'intention de rendre cette consécration explicite et permanente, nous ajoutons à ces vœux, lors de la profession perpétuelle, le vœu de stabilité, signe et sceau de notre vocation. Ce vœu est un engagement à persévérer dans la Société de Marie ; son esprit nous demande de faire connaître, aimer et servir Marie et de ne jamais lui refuser notre concours à la Société qui lui appartient. Par notre entrée dans la Société de Marie pour suivre le Christ, nous nous engageons irrévocablement au service de Marie, Mère de Dieu et notre Mère.» In Règle de la Société de Marie (Marianistes) 1983, Saint-Paul, Bar-le-Duc, 1984, p. 23.
3.
Noviciat de Courtefontaine 1894-1895
En septembre 1894, je suis entré au noviciat avec l'idée de me donner à Jésus et à Marie. Ce fut à Courtefontaine, à une petite vingtaine de kilomètres de Besançon. Le Père Mathern, maître des novices depuis 1871, était un saint prêtre. Il nous enseignait les cours habituels prévus pour le noviciat, mais pas de cours de mariologie. Chose que je regrettais, puisque nous étions des Frères de Marie. Il est vrai que je pouvais lire sur ce sujet dans les Constitutions, qui avaient été approuvées par Rome en 1891, soit trois ans auparavant. J'étais heureux d'y lire dans les chapitres I, VI et XXX ce qu'on y dit sur notre dévotion spéciale à Marie. Je comprenais que nous devions pratiquer la dévotion à Marie au suprême degré, mais je ne voyais pas, qu'à part cela notre dévotion comportait un caractère particulier [30].
Me rendant compte que la qualité de toute ma vie religieuse et que la fécondité de tout mon apostolat allaient dépendre en grande partie de ma ferveur au noviciat, j'étais fermement décidé à m'y donner à Jésus et à Marie, sans réserve aucune, quoi qu'il dût m'en coûter. Je crois avoir été fidèle à une telle résolution [31]. Cet aveu d'Emile Neubert, âgé de quatre-vingts ans à l'époque de la rédaction de son manuscrit autobiographique, est précieux, comme le sont toutes ses confidences que nous recevons sur sa vie intérieure. Elles nous permettent de tracer un véritable itinéraire spirituel avec ses étapes bien connues [32]. Son œuvre publiée nous donne des repères et des orientations dans sa vie spirituelle. Nous pouvons mieux réaliser l'unité de sa vie avec son enseignement.
C'est à partir de l'étude des constitutions de la Société de Marie, approuvées par Rome en 1891, qu'il comprit à seize ans la spécificité de la vocation religieuse marianiste : Je compris que la dévotion à Marie devait nous distinguer de tous les autres religieux et que, ce par quoi elle devait nous distinguer, c'était qu'elle était considérée comme la reproduction de la piété filiale de Jésus envers sa Mère et qu'elle devait être plus parfaite que celle de tout autre religieux. De son caractère apostolique et de ses relations avec la fondation même de la Société de Marie, je n'avais aucune idée. D'ailleurs, on ne faisait pas de cours de mariologie [33].
30.
Ibid., p. 2.
31.
Autobiographie, p. 27.
32.
Cf. MARIE-EUGENE DE L'ENFANT JESUS ocd, Je veux voir Dieu, Venasque, éd. du Carmel, nouvelle édition revue et corrigée, 81998 (1957).
33.
Autobiographie, p. 28. Emile Neubert précise : «C'est au noviciat que j'appris que le Fondateur de la Société de Marie s'appelait Chaminade, et que d'après une tradition, il aurait reçu de la Sainte Vierge la mission de fonder la Société de Marie.»Il prononça un vœu dit «de perfection» en privé, puis ses premiers vœux de religieux, le 15 septembre 1895, avant d'être envoyé dans un scolasticat [34] qui le préparerait à devenir religieux laïc, malgré son désir d'être prêtre.
Mais un médecin décela chez lui un tremblement de la main droite dû à sa nervosité, ses supérieurs estimèrent alors, qu'il ne supporterait pas la fatigue des longues études classiques et ecclésiastiques.
4.
Scolasticats 1895-1900
A l'époque, il existait deux scolasticats, l'un pour les profès qui ne se destinaient pas au sacerdoce, l'autre pour les futurs prêtres. Mon souhait était de devenir prêtre. Mais vu que ma santé laissait à désirer - chose qui n'a guère changé dans la suite -, les Supérieurs prirent l'avis du médecin pour savoir si j'avais les forces pour les longues études que présupposait le chemin vers le sacerdoce. Le médecin me dévisagea, me posa l'une ou l'autre question et dit aux Supérieurs qu'au bout d'un an, je serais incapable de poursuivre des études. En fait, j'ai continué à étudier pendant dix ans et à lire et à écrire chaque jour. Mais le docteur avait parlé et les Supérieurs décidèrent que j'irais au Scolasticat «primaire» à Ris, non loin de Paris […]
Qu'allaient devenir mes rêves de devenir prêtre et de prêcher sur la bienheureuse Vierge ? Bien sûr, je ne les ai pas abandonnés, je n'y ai pas renoncé. J'espérais que la Vierge m'aiderait ; je ne savais trop comment, mais je n'abandonnais pas l'espoir.
J'ai passé une année à Ris. J'ai passé avec succès mon certificat d'instituteur. Puis, le Père Kirch, l'aumônier des scolastiques qui était au courant de mon désir de devenir prêtre, sans me prévenir, a demandé à l'Administration Générale de m'envoyer dans l'autre Scolasticat, celui de Besançon, pour commencer l'étude du latin. Je n'avais donc pas espéré en vain, et cette année de prière et d'attente avait renforcé ma dévotion envers Marie [35].
C'est après un an passé au scolasticat inférieur de Ris-Orangis, dans l'espérance et dans la nuit de la foi, s'en remettant à la Vierge Marie, qu'il eut donc la surprise, après Pâques 1896, d'être envoyé au scolasticat supérieur de Besançon pour quatre ans : de septembre 1896 à 1900 dans la perspective du sacerdoce : A Besançon, compte tenu de mes études antérieures et de ma facilité naturelle pour l'étude, je suis parvenu à achever le cycle des études de latin, de grec et des matières scientifiques et philosophiques, et j'ai réussi l'examen du baccalauréat [36].
34.
Scolasticat inférieur de Ris-Orangis, 1895-1896.
35.
JARC, Appendice IV, p. 3.
36.
Ibid, p. 3
Saint Louis-Marie Grignion de Montfort
Très vite, on lui permit de communier chaque jour. Une grâce à laquelle il tenait beaucoup et qui lui fut accordée à une époque encore marquée par le jansénisme : « Ma dévotion à Marie se maintenait à la hauteur de ma dévotion eucharistique [37]. »
Différents ouvrages connus à l'époque retinrent son attention : En ce qui concerne les ouvrages que j'ai lus sur la bienheureuse Marie, je me rappelle Les Gloires de Marie de St. Alphonse, qui a fait sur moi une grande impression, La Vie de St Gabriel de la Mère Douloureuse, ouvrage en italien qui venait d'être publié ; grâce à une vieille grammaire italienne et à ma connaissance du latin, je suis parvenu à comprendre presque tout. La confiance de ce saint en la Mère douloureuse m'a fortement impressionné. A la fin de mon scolasticat, le Père Kieffer - notre directeur à l'époque - m'a donné un exemplaire de La Vraie Dévotion à Marie par Grignion de Montfort.
Cet auteur insistait sur le saint esclavage, ce qui me frappa très fort. Du fait que notre doctrine sur la dévotion du Fondateur à l'égard de la bienheureuse Mère (Marie) était inconnue, j'en étais venu à me poser la question, pendant un certain temps, si sa dévotion (celle de Grignion de Montfort) n'était pas supérieure à la nôtre [38].
La consécration à Marie qu'il prêchait me paraissait plus totale que la nôtre et je tâchai de trouver une chaînette pour porter l'insigne du saint esclavage [39].
5.
Caudéran, Monceau, Stanislas, 1900-1903
Il fut envoyé ensuite dans diverses œuvres d'éducation sur Bordeaux [40], puis Paris [41] où il poursuivit ses études universitaires : Après le Scolasticat, on m'a envoyé enseigner dans notre collège de Caudéran (Bordeaux), où j'enseignais le latin et le grec et, plus tard, à l'Institution Sainte Marie, rue de Monceau, à Paris pour enseigner les mêmes matières. J'y ai vu des frères qui en prenaient à leur aise avec les obligations religieuses. Une idée a contribué grandement à me maintenir sur le chemin de l'idéal, à savoir que je ne pourrais jamais faire à mes élèves tout le bien que je devrais leur faire, et certains parmi eux paraissaient spécialement bien disposés et fervents, si moi-même je n'étais pas pleinement fidèle à la grâce ; de plus je ne voulais pas être la cause... (suite page 2)